2. La pratique individuelle du sport : les exercices corporels et l'hygiène

La tradition militaire donna naissance à une pratique individuelle d'exercices physiques, qui se développèrent sous l'Empire : hommes, femmes et enfants se baignaient, on allait aux thermes et on chassait avec passion.

2.1. Les bains et la gymnastique des thermes

Même si l'opinion boude encore l'athlétisme , à l'apogée de l'Empire elle ne s'offusque plus du nudisme et admet des exercices salutaires pour la santé du corps. Les Romains garderont surtout des Grecs les bains. Sous l'Empire ils deviennent un lieu de vie essentiel.

2.1.1. Origine et évolution des thermes

Dès le IIe siècle avant notre ère, des bienfaiteurs ont permis la construction de bains publics distincts pour les hommes et pour les femmes. Mais les premiers thermes monumentaux sont ceux d'Agrippa (inaugurés en 19 av. J.-C.) : en qualité d'édile, il innova en consacrant la gratuité des bains à Rome.


Plan des thermes de Caracalla

Mais c'est sous l'Empire que les thermes se multiplièrent à Rome et dans les provinces. Toutes les petites villes en avaient un : Pompei en avait trois, Timgad en avait onze. Après les thermes d'Agrippa , Néron fit construire les siens sur le Champ de Mars, Titus contre l'ancienne «Maison Dorée» face au Colisée, Trajan sur l'Aventin en 109, les Antonins les bains appelés «Thermes de Caracalla», Dioclétien les siens ainsi que Constantin sur le Quirinal au IVe siècle de notre ère.

2.1.2. Les Bains

On se retrouvait aux bains tous les jours avant la cena (le déjeuner), qui avait lieu vers 14h00 sous l'Empire. Les établissements des biens publics étaient luxueux, remarquablement conçus.

Au centre des thermes se dressent les bâtiments du bain avec :

  • étuve ou chambre de sudation (sudatorium)
  • bain chaud (caldarium)
  • bain tiède (trepidarium)
  • et bain froid (frigidarium)

Outre les bains, dans un bâtiment longé de portiques et de boutiques, se trouvent des stades, des salons de repos, des salles de gymnastique et des ateliers de massage, parfois des bibliothèques et des musées. (Des stades grecs au stade de Domitien)


Des stades grecs au stade de Domitien

2.1.3. La gymnastique des bains

Dans la palestre, on s'exerçait à de nombreux jeux de balle :

  • au trigon, partie de balles à trois
  • au jeu de paume
  • à l'harpastum, balle à la volée où les joueurs devaient saisir la balle malgré les feintes
  • au follis, jeu proche de notre basket-ball réalisé à l'aide d'un ballon gonflé d'air.

Les soins du corps au gymnase

Á ces exercices s'ajoutaient le maniement des haltères, la course, la course derrière un cerceau de métal dirigé par un bâton fourchu, dont les femmes appréciaient les difficultés.

Ces exercices ne se pratiquaient pas nus : on mettait une tunique, un maillot, Martial évoque même un manteau simple taillé pour les sports, l'endromide. La lutte athlétique se déroule en revanche sur le modèle hellénique sans vêtement ; elle était pratiquée par les hommes et les femmes.(les soins du corps au gymnase)

2.2. La natation et la navigation

Á Rome, le bain dans un courant d'eau naturel ou en mer était fort prisé, en particulier par les enfants. Sénèque aimait à se baigner, quand il était jeune, dans un lieu aménagé (natabulum), dans le Tibre : l'Aqua Virgo (l'Eau Vierge), bassin d'eau courante complétant la piscine des thermes d'Agrippa (19 avant J.-C.) :

«moi qui ne manquait pas au matin des calendes de janvier de faire visite à mon euripe (longs canaux aménagés dans les jardins), moi qui avait l'habitude de commencer l'année...par un plongeon dans l'Eau Vierge, j'ai opéré un recul sur le Tibre puis dans ma baignoire...»(Lettres, 83, 3)

Tout le monde, homme et femme, savait nager, s'exerçant le plus souvent dans les piscines des bains publics. Les Romains étaient aussi d'excellents plongeurs comme en témoigne la tombe de Paestum, dite tombe du plongeur. Les bains froids étaient considérés comme une mesure d'hygiène, mais Pline l'Ancien dans son Histoire Naturelle les déconseille formellement.



La tombe dite "du plongeur" de Paestum

La navigation pouvait servir d'entraînement physique, au même titre que la chasse par l'énergie qu'elle demande.

2.3. La chasse

La chasse était un sport en honneur parce qu'elle procure une violente dépense physique dans la nature, le plaisir d'être à l'affut et l'exaltation de la lutte et de la victoire. Elle était aussi liée à l'équitation, sport noble que le jeune romain apprenait au Champ de Mars. Il s'exerçait au saut d'obstacle, à la voltige et il savait mener un cheval à plusieurs allures.


Le sport féminin à Rome

On distinguait la chasse nourricière de la chasse purement sportive, pratiquée par les gens aisés et certaines femmes. (Le sport féminin à Rome) La chasse existait depuis longtemps comme entraînement à la guerre, mais Scipion Émilien introduisit la mode de la chasse-divertissement, au milieu du IIe siècle avant J.-C..

On pratiquait la venatio, c'est-à-dire la chasse du gibier à poil (ours, sangliers, loups, renards, cerfs et lièvres). Elle comportait une battue pour lever l'animal poursuivi à pied ou à cheval. Le gibier était effrayé par des épouvantails, longue corde garnie de plumes et de chiffons rouges qui le rabattait dans des filets. La lancea permettait d'attaquer la bête ; le venabulum ou javelot de fer aiguisé à deux pointes l'achevait. On pratiquait aussi la chasse à l'oiseau.




Si les Romains pratiquèrent des exercices corporels, ce sont les spectacles de l'amphithéâtre et de l'arène qui sont restés dans l'histoire, comme l'illustre l'évolution des venationes : de la chasse comme pratique on passe au spectacle de la chasse.


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