1. Les débuts du sport moderne

Les voyageurs du XVIIIe siècle étaient déjà frappés par l'activité sportive qui régnait en Angleterre. C'est là que le sport moderne prit son envol, codifié par les pairs d'Angleterre. Au XIX e siècle, les sports anglais et la gymnastique allemande créèrent des écoles de formation et des clubs et se diffusèrent dans toute l'Europe. L'exercice physique avait reconquis ses lettres de noblesse.

1.1   La révolution sportive du XIXe siècle

Pendant la période qui couvre la gestation, puis la naissance et enfin le développement du monde industriel, la transformation des jeux folkloriques en sports modernes s'effectua en plusieurs temps.

En Angleterre, les jeux populaires furent d'abord récupérés par la classe dominante qui les adapta à ses fins propres, puis se constituèrent des clubs. Dans un deuxième temps, une organisation bureaucratique vit le jour. Ensuite les pratiques sportives se diffusèrent de l'Angleterre vers d'autres pays.

Différents facteurs sociaux, économiques, culturels sont à l'origine de cette évolution ou l'ont favorisée :

  • Le développement des moyens de transport
  • La démocratie
  • Le développement de la presse, et, plus tard, des télécommunications, de la radio et de la télévision.

1.1.1   Le sport, renouveau de la nation en Allemagne

La gymnastique naquit en Allemagne par réaction contre la Révolution et l'Empire et dans un élan de mobilisation des individus au service de la nation. En 1811, Ludwig Jahn fondait le «Turnplatz» (club de gymnastique) sous le signe du patriotisme allemand.

1.1.2   Les clubs anglais

Si l'Allemagne avait ressuscité l'effort, l'Angleterre organisa et codifia les activités sportives, qui furent diffusées dans toute l'Europe et qui correspondaient aux sports que nous pratiquons aujourd'hui.


Les premiers clubs, des réunions de notables

Le sport anglais se caractérise par plusieurs phénomènes :

  • Les jeux, sans cesser d'appartenir au peuple, devinrent aussi pratique de la classe supérieure.
  • Le sport anglais s'organisa autour du club. Le club était au départ un regroupement de personnes de bonne compagnie, réservée au début du XIXe siècle à une certaine classe. Peu à peu les institutions chargées de veiller aux règles sportives se constituèrent et organisèrent des associations sportives : La première d'entre elles fut le jockey club (1750), puis le golf (1754) et le cricket (1788). Mais, c'est à partir de 1850 que leur nombre commença à croître fortement et ne cessa de croître jusqu'à nos jours. (Les premiers clubs, des réunions de notables).
  • Les confrontations sportives évoluèrent progressivement du niveau local au niveau régional, puis au niveau national.

1.1.3   La France «un grand corps inerte»

Pendant ce temps, la france ignorait cette évolution. Mais son «grand corps inerte», ainsi que l'écrivait Pierre de coubertin, fut à plusieurs reprises secoué par les vigoureuses interventions des penseurs, des philosophes, d'écrivains.

Ainsi en 1871, dans ses Notes sur l'Angleterre, Taine dénonçait l'éducation française :

«L'adolescence se passe chaz nous sous une cloche artificielle à travers laquelle suinte l'atmosphère morale et physique d'une capitale... L'adolescent a besoin de mouvements physiques ; il est contre nature de l'obliger à être un pur cerveau, un cul-de-jatte sédentaire. Ici, en Angleterre, les jeux athlétiques, la paume, le ballon, la course, le canotage et, surtout, le cricket occupent tous les jours une partie de la journée... L'adolescent ne sort pas comme chez nous d'une serre à compartiments ; il n'est pas troublé, désorienté par un changement d'air. Non seulement il a cultivé son esprit, mais encore il a fait l'apprentissage de la vie...»(Taine, cité par Robert Parienté, article «sport» de l'Encyclopédie universalis).

L'Angleterre fit donc de l'éducation en pleine nature un élément prépondérant de sa puissance. Contrairement à l'Allemagne, qui développa essentiellement la gymnastique, l'Angleterre, plus éclectique codifia un grand nombre de pratiques sportives.

1.2   Organisation et diffusion des sports anglais

1.2.1   Les sports anglais à la conquête de l'Europe

Le football

Le développement du football a connu plusieurs périodes. Nous avons vu précédemment combien ce sport fut pratiqué depuis l'antiquité dans les palestres, en passant par les fêtes de villages médiévales sous la forme du jeu de la choule, jusqu'au XVIIIe siècle anglais. Ce sport est tout-à-fait représentatif de l'évolution des activités physiques en Angleterre au XIXe siècle.

En effet, ce fut successivement un sport populaire, puis un sport de l'élite, avant de revenir aux couches populaires de la population :

  • Jusque vers 1820, le football resta un jeu populaire présentant une grande part d'improvisations et de violence et pratiqué sans spectateurs. C'était un jeu proscrit par de nombreux décrets car il constituait une menace pour l'ordre public. Il était de surcroît difficile à contrôler car un match de football n'était pas circonscrit dans un lieu : il se déplaçait et traversait l'espace social. Avec l'industrialisation, le temps libre et l'espace libre ont diminué pour les couches populaires. Le football survécut dans un lieu privilégié, là où les forces de l'ordre n'intervenaient pas.
  • Á partir de 1820, le football devint donc une pratique codifiée de l'élite du pays, notamment des élèves des public schools, étudiants des universités de Cambridge et d'Oxford. Le football était toujours un sport individuel car le joueur essayait de marquer sans passer la balle à ses équipiers.
  • Á partir de 1880, le jeu revint aux ouvriers, car l'attitude du patronat anglais évolua. Il accorda un certain temps libre aux ouvriers : le samedi après-midi chômé. Le football ouvrier se développa mais dans un espace délimité et à un moment précis. L'assistance était nombreuse. Ce jeu faisait appel à la coopération entre joueurs et à la division du travail. Les spectateurs s'identifiaient à leur équipe.
Par ailleurs, les confrontations passèrent du niveau local au niveau régional puis au niveau national au XIXe siècle grâce au développement des moyens de transport. Mais la codification des règles fut également un élément indispensable à cette extension du champ des compétitions :

  • En 1863, un organisme national contrôla la discipline : la «Football Association» qui était l'émanation de dix clubs.
  • En 1872, le premier club sportif français fut créé au Havre ; on y pratiquait, du moins au début, une combinaison de football et de rugby. Il prit le nom de Havre football-Club, puis, en 1884, de Havre Athletic-Club. En 1879 naquit le Paris Football-Club.

Le rugby

Avec le footbal, ce fut le seul sport qui se développa dans les couches populaires, puis aristocratiques lors de la période préindustrielle.

Mais contrairement au football, pratiqué depuis des siècles, l'origine du rugby est restée légendaire :

En 1823, à Rugby, un étudiant en théologie, William Webb Ellis aurait inventé le jeu du ballon ovale que les Anglais appelèrent bientôt football-rugby, en souvenir de la ville qui le fit naître. (La légende de l'invention du rugby)

En 1863, la «Football Association», lors de sa création imposa la règle d'un jeu sans les mains. Certains clubs refusèrent de se plier à ce point du code et ce désaccord aboutit à la fondation du «Rugby Football Union» en 1871.

Le jeu fut progressivement simplifié pour le rendre plus spectaculaire. En 1906 apparut le rugby à XIII.


La légende de l'invention du rugby

L'opposition entre amateurs et professionnels engendra comme au football une longue lutte. Le football professionnel naquit en 1885. Au rugby, après bien des conflits, le professionnalisme fut officiellement reconnu en 1898. Cependant le joueur devait exercer un métier, il ne pouvait faire du rugby sa seule activité rétribuée.

La course à pied et l'athlétisme

Au XVIIIe siècle les courses étaient d'abord effectuées par les running-footmen, ou valets de pied chargés de précéder le carrosse de leur maître et d'avertir de son passage. On pariait de grosses sommes sur des distances à effectuer pendant un temps donné ou sur un temps à réaliser sur une distance déterminée. Ainsi, en 1788, la foule vient admirer un coureur nommé Evans tenter de battre le record de l'heure sur l'hippodrome de Newsmarket. Cet engouement était lié à la passion pour les courses de chevaux.

Le premier record sur une distance classique fut celui de Walpole sur le mile, 4 mn 30.

Á la fin du XVIIIe et au début du XIXe la classe dominante s'intéressa à la pratique de la course.

Á partir des compétitions de course à pied et de cross-country se constitua l'athlétisme et cette pratique se répandit en Europe.

Dès 1850, les meetings d'athlétisme proliférèrent, la course, les sauts et les lancers devenant un véritable sport national. Par la suite, avec la création des Jeux olympiques modernes, l'athlétisme devint la compétition phare des Jeux quadriennaux.

Le tennis

Si la courte paume perdit de son attrait en France à partir du XVIIe, elle resta fortement pratiquée en Angleterre.

Ce fut donc un anglais, le major Clopton Wingfield , qui eut l'idée de tranformer ce jeu et d'en concevoir un plus simple. Il l'appella la sphairistique, du grec sphairos (la sphère), qui eut moins de succès que son concept de base.

Le major supprimait les murs sur lesquels on pouvait faire rebondir la balle dans la courte paume. Comme dans ce dernier jeu un filet séparait les deux camps et il fallait faire rebondir la balle dans le rectangle adverse jusqu'à ce que l'adversaire ne puisse la renvoyer.

Wingfield déposa son brevet en 1874 et commercialisa son idée. Moyennant cinq guinées l'amateur pouvait se procurer des balles de caoutchouc, quatre raquettes, un filet et un mode d'emploi. En 1875, Wingfield publia une liste des personnalités qui avaient acquis son invention. Des joueurs modifièrent un peu les règles et appellèrent leur nouvel version du jeu le lawn tennis ou paume sur gazon. On le pratiquait sur l'herbe rase. Le tennis était né.

Un cas à part : Le cricket

Contrairement aux autres sports anglais précédemment cités, le cricket ne fut jamais apprécié en dehors des terres britanniques.

Avant le XVIIe siècle, cette discipline était pratiquée par les classes populaires et méprisée de la classe noble et de la classe riche .

Á partir du milieu du XVIIe siècle, l'aristocratie s'intéressa à ce jeu pour entretenir des relations avec le reste de la population et pour accroitre son prestige. Tel ou tel lord employait comme garde-chasse ou comme palefrenier des personnes qui étaient surtout d'excellents joueurs de cricket et se constituait ainsi son équipe.

Vers 1820, le sport comportait deux versions :

  • Un cricket pour la gentry qui pratiquait dans ses propriétés de campagne ou dans des clubs desquels étaient exclus les représentants de la classe populaires.
  • La petite bourgeoisie pratiquait aussi le cricket et certains de ses représentants introduisirent le professionnalisme qui perdura jusqu'en 1870.
on organisa le test cricket, série de matchs internationaux entre l'Angleterre et les pays de l'Empire britannique. Le cricket prit de l'importance et devint le sport national de l'été. Comme le club qui contrôlait le jeu était le très aristocratique Marylebone Cricket Club (MCC), se posait le problème de la présence de la classe laborieuse. On répartit finalement les rôles :

  • Le batsman était un membre de la classe sociale élevée : ce rôle fournissait l'occasion de montrer son adresse, sa personnalité.
  • les lanceurs de balle et ceux qui les ramassaient faisaient partie des tâches monotones, confiées aux membres des classes populaires.

1.2.2   Les sports allemands : la gymnastique et le tir

La gymnastique trouva ses racines en Allemagne et en Suisse.

L'une des origines de cette pratique se situe dans l'oeuvre de Friedrich Ludwig Jahn (1778-1852). Docteur en philosophie, marqué par la défaite de Iéna, il se consacra à réveiller le sentiment national allemand, par la promotion de l'exercice physique. Il créa d'abord en 1810, un centre d'éducation physique, puis en 1811, un gymnase à Hasenhaide. Là Jahn multiplia les agrès : barres parallèles, cheval d'arçon, barre fixe, poutre, se développèrent dans ce gymnase. Jahn proposa au peuple allemand le Turnen, une gymnastique qui lui était spécifique. L'idée s'implanta mais le Turnplatz, lieu de plein air où se déroulait l'activité, fit place à la Turnhalle, un petit gymnase fermé. Il s'en créa un certain nombre. Et même si les idées de Jahn furent critiquées le mouvement gymnique se diffusa.

La gymnastique se développa en France après le désastre de Sedan et l'annexion de l'Alsace-Lorraine. On cherchait alors des raisons à la défaite dans la condition physique du soldat allemand et la volonté morale du peuple germanique. Pour rattraper leur retard, les Français créèrent des sociétés de gymnastique, implantées surtout dans l'est de la France. La première association fut, semble-t-il, celle de Guebwiller fondée en 1860.

La gymnastique se développa aussi dans le cadre militaire. Don Francisco Amoros y Ondeano, marquis de Soleto (1770-1848), colonel espagnol, développa en France tout un système de gymnastique militaire et dirigea le gymnase normal militaire. Un certain nombre de ses disciples suivirent son oeuvre : Hippolyte Antoine Trilhac (1813-1881), Eugène Paz (1836-1901). Ils furent à l'origine du premier groupement sportif français : l'Union des Sociétés de Gymnastique de France créée en 1873. Avec la gymnastique se développa aussi le tir et en 1886 fut créée l'Union des sociétés de Tir de France.

La gymnastique imposa un ordre, une discipline que les sports anglais venaient perturber. Á la fin du XIXe siècle une opposition se dessina entre ces deux types d'activités sportives. Cette opposition perdura quelque peu. Elle se révèla par la suite à travers l'analyse des résultats différenciés des principaux pays aux Jeux olympiques.

1.2.3   Un sport français : le cyclisme

La petite histoire de la bicyclette





  • La bicyclette provient de la draisienne. Cet engin, créé par Karl Friedrich Drais de Sauerbronn, possédait deux roues de charette jointes par des poutres ; on avançait en poussant le sol avec les pieds.
  • En 1861, le serrurier-charron Pierre Michaux eut l'idée d'ajouter des pédales à la roue avant d'une draisienne, qu'on lui avait amené en réparation : ce fut le «vélocipède», du latin velox, velocis, rapide et pes, pedis, le pied. Puis apparut le «grand bi».
  • En 1879, en Angleterre, Lawson fit la démonstration de la première machine pratique, baptisée bicyclette : elle avait des roues égales de diamètre modeste et la traction par chaîne facilitait son déplacement.
  • En 1885, Stanley présenta le premier modèle commercial adopté aussitôt par des firmes de la région de Coventry-Birmingham. Ce fut immédiatement un succès foudroyant. En France 250 000 vélos circulent en 1894, 4 500 000 en 1914.
(Informations tirées de F. Bedarida, Histoire générale du travail, t. III : l'ère des révolutions, Nouvelle Librairie de France, p. 248. Cité par R. Thomas dans L'Histoire du sport, Que Sais-je ?, 1999.)

La bicyclette devint le sport démocratique par excellence.

Les victoires de la «petite reine»

Dans le sport, le cyclisme prit rapidement de l'essor.

Dès 1881 fut fondée l'Union vélocipédique de France, qui devint la Fédération française de Cyclisme et, en 1890, fut construit le premier vélodrome.

On pratiquait des courses sur piste, mais les compétitions sur route prirent aussi de l'ampleur. Les médias avec la presse jouèrent pour la première fois un rôle capital dans le développement de ce sport : en 1869, c'est le vélocipède illustré qui organisa la première course entre Paris et Rouen.

Toutefois, c'est le Tour de France qui consacra le cyclisme comme une pratique sportive. De nouveau c'est la presse qui en fut à l'origine. En effet l'épreuve fut le résultat d'un conflit entre le Vélo et l'Autre Vélo qui se cristallisa autour de l'affaire Dreyfus. Henri Desgranges directeur de l'Autre Vélo, perdant le procès et le droit de prendre le nom de Vélo pour son journal, contre attaqua en imaginant une épreuve géante de cyclisme. La presse s'en mêla et popularisa le Tour de France en construisant un récit mythique sur le combat des géants de la route. Le support publicitaire également constitua un rouage majeur de cette machine. Le Tour de France joua aussi un rôle capital de diffusion de l'idée sportive, en transportant le sport à la campagne. Le premier Tour se déroula du 1er au 19 juillet 1903. Il comptait 60 participants et 23 arrivants. Les coureurs parcouraient 2428 km en 6 étapes. La moyenne horaire du vainqueur était de 25, 7 km. Cette épreuve annuelle ne fut interrompue que par les guerres.

1.2.4   Les sports américains : base-ball, football américain, basket-ball et volley-ball

Selon les historiens du sport, le développement du sport en Amérique du Nord fut similaire à celui observé en Angleterre, avec cependant un léger retard par rapport à celui-ci. Du fait d'un grand nombre d'immigrés de diverses nationalités, les disciplines européennes y furent pratiquées relativement tôt (vers 1865).

Les Américains créèrent des sports correspondant à leur mentalité : le football américain, le basket-ball, le volley-ball. Mais c'est le base-ball qui correspondait le mieux à l'esprit américain et il resta un sport national : selon A. Guttmann, ce sport est devenu le jeu national parce qu'il correspond de manière parfaite à la structure de la société américaine : c'est un sport quantifié, avec une possibilité de records, et champêtre. ((«Le base-ball, activité naturelle quantifiée», dans Sports et sciences, éditions Vigot, 1980)

En revanche, le volley-ball et le basket-ball se diffusèrent rapidement dans le monde. Ils pénètrèrent en France en 1917 avec l'arrivée des troupes américaines sur notre sol. Le basket fut créé en 1891 pour permettre aux étudiants de pratiquer un sport en hiver. Le volley, moins violen,t fut inventé sur le modèle du basket. Mais, à l'origine, il devait être adapté pour convenir à des personnes plus âgées.

1.3   Les théories du sport

Au XIXe siècle, avec la diffusion du sport, différents courants proposèrent des théories parfois antagonistes sur l'éducation physique :

1.3.1   Le retour à une vie naturelle

Georges Hébert (1875-1957), officier de marine, observa les indigènes des pays qu'il visita et fut frappé par leurs capacités physiques. Il en déduisit que leur mode de vie correspondait à celui que la nature nous destinait. Dans nos sociétés, les manières de vivre nous ont éloignés de cette vie naturelle. Cette réflexion rappelle le mythe du «bon sauvage» développé dans les ouvrages de Diderot, Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre.

Herbert préconisa donc une méthode pour pallier cet effet pervers de la civilisation. Il répertoria les gestes naturels qu'il classa en dix catégories : la marche, la course, les sauts, le grimper, la quadrupédie, l'équilibrisme, le lever et porter, les lancers, la défense naturelle et la natation.

Il s'agissait, à l'aide de ces différents types d'exercice, de développer les capacités individuelles, d'augmenter le rendement utilitaire de chacun (être fort pour être utile) et de susciter le goût de l'effort. Hébert dénonça les dangers de la pratique sportive fédérale autant au plan physiologique que moral. Selon lui, le sport poursuit des fins qui lui sont propres et qui ne sont pas pédagogiques. Le sport spécialise donc fragilise. Il n'aboutit à rien d'utile : au professionnalisme et au spectacle.

L'hébertisme eu une forte influence sur l'orientation de l'éducation physique en France. Ce fut la méthode officielle du gouvernement de Vichy en 1941.

1.3.2   Le courant hygiénique

Ce courant opposa la santé à l'exploit sportif. Il se développa sous l'impulsion du Dr Philippe Tissié (1852-1935). D'abord proche de pierre de Coubertin et de Paschal Grousset, ce dernier s'intéressa aux théories du suédois Ling et développa ses propres principes en gymnastique. Il était partisan d'un sport rationnellement contrôlé et non pas laissé aux fédérations. Sa Ligue girondine d'éducation physique fondée en1888, est aujourd'hui la FFEPGV, la Fédération française d'Éducation physique et de Gymnastique volontaire.

Aujourd'hui la FFEPGV, compte plus de 300 000 membres, majoritairement des femmes : c'est un mouvement qui préconise une gymnastique d'entretien physique et qui comprend encore dans ses instances pédagogiques nombre de professeurs d'éducation physique.(Sport d'intérieur, sport d'extérieur)

1.3.3   Á la fin du XIXe la gymnastique allemand et le sport anglais

Nous avons noté l'opposition entre les pratiques d'origine anglaise et le Turnen allemand.

le sport anglais la gymnastique allemande
impose un ordre créé de l'extérieur du groupe infiltre un ordre par l'intérieur du groupe

au cours de la pratique, la discipline n'apparaît pas,
mais les joueurs acceptaient des règles
et se répartissent les rôles

la discipline est claire
le sport anglais est plutôt ludique le sport allemand est plutôt utilitaire

De retour d'un long voyage aux États-Unis, Pierre de Coubertin prend partie pour le modèle anglo-saxon :

«Au moment où se manifeste en France la préoccupation de donner à l'éducation physique la place importante qu'elle comporte, il était intéressant de jeter les yeux sur un pays où les deux systèmes d'éducation physique les plus opposés se trouvent en présence : jeux libres venus d'Angleterre ; gymnastique scientifique venue d'Allemagne. Il importe de remarquer que les jeux libres, par le fait même que la liberté préside à leur organisation, s'accommodent du voisinage de la gymnastique. L'intolérance au contraire fait le fond de la gymnastique allemande ; elle ne connaît que les mouvements d'ensemble, discipline rigide et réglementaire perpétuelle. C'est un avertissement pour nous de ne pas laisser prendre à l'éducation physique le caractère scientifique et autoritaire que voudraient lui donner certains théoristes plus soucieux des principes que de leur application, amis du rationnel et ignorants de la pédagogie.»

(Universités américaines, 1889)


Sport d'intérieur, sport d'extérieur
Conscients des différentes voies qu'offrait le sport moderne à la fin du XIXe, Pierre de Coubertin réinventa un Olympisme fidèle au passé et adapté aux exigences du sport moderne.

Retour au sommaire

Suite