L'Amphithéâtre de Toulouse Purpan





L'amphithéâtre de Toulouse – Purpan est situé à 4 km environ de la ville, sur la troisième terrasse de la Garonne, à l'extrémité sud du plateau de Lardenne, limité au nord par le confluent du Touch et de la Garonne. Cette zone a été occupée au moins depuis le néolithique. C'est à l'époque romaine, à partir du milieu du Ier siècle de notre ère que se développe au nord du site, sous l'actuelle cité Ancely, un sanctuaire rural. Abandonné à la fin du IVe siècle, l'édfice servit de carrière et fut totalement dépouillé de son parement de briques, signé des briquetiers toulousains les plus renommés de l'époque, tel Sabinus, dont on retrouve le nom sur les briques de plusieurs constructions romaines de la ville.

1. Les fouilles et les écrits

L'amphithéâtre, sujet à controverses et à fables

Les ruines furent mentionnées dès le XVIe siècle comme monument romain par des historiens toulousains, mais aussi désignées comme l'habitat du diable : «clausum diaboli alias dracom» dans les cadastres de 1459 ainsi que dans ceux de 1478 : «Al claus del diague o del diable».

Vers 1620, La Roche Flavin rapporte dans son livre Les Antiquitéz et autres choses plus mémorables de la ville de Tolose, que l'amphithéâtre aurait servi de cadre à des noces royales et comtales, celles de «Madame Jeanne, soeur du Roy d'Angleterre (…) à l'Ardenne ioignant Tolose au lieu qui est vulgairement appelé Peirioles, où se voyent encore des piliers et autres marques de l'antiquité».

En 1687, paraît en français l'étude de Bernard Dupuy de Grais Recherche sur l'histoire de Toulouse qui donne une description de l'amphithéâtre et une première approche historique : un prieur de la Daurade aurait fait démolir l'édifice pour y construire un château.

Désormais, plusieurs historiens locaux vont s'y intéresser de près.

En 1771, De Rozoi fait aussi un relevé dans ses Annales de la ville de Toulouse, décrivant sa forme d'amande. Celui-ci fait l'objet, dix ans plus tard, d'un pamphlet intitulé Remarques d'un Russe sur la Colonie et le Capitole de Toulouse, dans lequel l'auteur fustige les erreurs historiques et archéologiques de De Rozoi.

Les fouilles

Au XIXe siècle, l'archéologue Théodore de Sevin entreprit une étude et des premières fouilles. En 1968, le professeur Michel Labrousse écrivit une thèse sur l'édifice.

Des fouilles, entreprises entre 1984 et 1988 sous la direction de C. Domergue, J.-M. Pailler et R. Sablayrolles de l'Université de Toulouse-Le Mirail, ont permis un avancement dans la connaissance de l'édifice.

Celui-ci est actuellement placé sous la responsabilité du musée Saint-Raymond qui conserve les objets issus des fouilles et qui organise des visites.

2. Les tribulations de l'amphithéâtre

En 1901, les membres de la Société Archéologique du Midi de la France s'émeuvent d'un projet d'utilisation des arènes en vue de « courses tauromachiques ou de solennelles représentations théâtrales », étant donné le peu de structures encore en place et leur fragilité.

En 1911, les Hospices s'installent à Purpan et demandent à utiliser l'amphithéâtre pour le «transit et le dépôt des matériaux de construction».

Après la première guerre mondiale, en 1921, un projet de reconstruction total de l'édifice va mobiliser les amateurs d'antiquités toulousains dont Jules Chalande se fera le porte-parole : « Vouloir ensevelir ces vieux restes sous de nouvelles constructions serait un vandalisme inconcevable, les restituer sur le plan initial c'est chose impossible… conservons nos arènes telles qu'elles sont, il n'y a pas de restauration possible ».

En 1942, la cavea* sert de nid à deux batteries anti-aériennes allemandes, et en 1956, hiver de grand froid, l'amphithéâtre sert de refuge à des gitans qui auraient décimé les réserves de lapins et de hérissons, mais auraient trouvé chaque soir une soupe chaude à l'hopital voisin.

En 1962, la Ville de Toulouse s'intéresse enfin à l'amphithéâtre et projette de l'aménager en théâtre de verdure, et l'acquiert « afin de remédier à son abandon ».

L'édifice finit par être classé en 1974, douze ans après la demande.

3. La visite de l'amphithéâtre

On entre dans l'amphithéâtre par la grande entrée nord, large de 4, 20m.

L'arène, où se déroulaient les Jeux, a une forme d'amande, dont les axes mesurent 62 m et 46 m. Sa surface comporte un réseau de drains aboutissant, au centre, à un immense puit qui recueille les eaux de pluie et favorise, encore aujourd'hui, l'assèchement rapide de l'arène.

La cavea*, large de 15m est séparée de l'arène par un parapet dit mur du podium, reconstitué le long du côté ouest, et limitée à l'extérieur par un mur de façade en briques.

Elle est divisée en quartiers égaux, compartimentés par 23 couloirs horizontaux voûtés, les vomitoires*. Ceux-ci sont surmontés de murs ajourés. Dans les caissons ainsi formés, un solide remblai a été installé, composé d'une succession de couches de terre alternant avec des couches de galets noyés dans du mortier, elle-même disposée en gradins parementés de briques. Aujourd'hui, toutes les élévations en galets qui surgissent de terre correspondent à ces vomitoires.

L'amphithéâtre est donc construit sur une structure pleine, contrairement à ceux d'Arles, de Nîmes ou au Colisée de Rome.

Au débouché des vomitoires, un balteus* dissociait la zone supérieure des gradins, la summa cavea*, de l'ima cavea* inférieure, elle-même séparée de l'arène par le mur du podium.

Les premiers gradins, plus larges et plus plats, constituent le podium, où se trouvaient les places réservées aux personnes de haut rang de la cité.

Le grand axe nord-sud s'ouvrait à chaque extrémité de l'arène par une entrée monumentale. De part et d'autre de l'entrée nord, sous les gradins, les fouilles ont mis au jour deux salles. Une petite à l'Ouest, dont les grandes piles visibles sur le talus, correspondent à deux étroites galeries d'accès en pente, réservées au service. L'autre, plus grande, se situe à l'Est. Ces salles voûtées étaient sans doute des carceres*, coulisses pour les gladiateurs ou cages pour animaux. Des salles similaires jouxtaient l'entrée sud.

Les extrémités du petit axe n'ont pas encore été entièrement fouillées. À l'est, il semblerait qu'ait été construite une tribune d'honneur destinée à la personnalité offrant les jeux, avec au-dessus, un sacellum* consacré aux divinités protectrice des gladiateurs.

Autour de l'édifice, des murets rayonnants ont été mis au jour ainsi qu'un mur fermant les exèdres. Ces aménagements s'accompagnaient d'un allongement de l'entrée. Toutes ces modifications, datées du IIIe siècle, correspondent à un agrandissement du monument, vraisemblablement en bois, afin d'augmenter la capacité d'accueil qui passait ainsi de 7000 à 15 000 spectateurs.




Bibliographie

  • Domergue C., Fincker M.,Pailler J.-M., «L'amphithéâtre de Purpan, esquisse d'étude architecturale et problèmes de chronologie », dans Gladiateurs et amphithéâtres, Imago-Lattes, 1990, pp.63-76.
  • Domergue C., Fincker M.,Pailler J.-M., «L'amphithéâtre de Toulouse», dans Les amphithéâtres de la Gaule. Dossier Histoire et archéologie, n°116, mai 1987, pp.46-51.
  • Groh, M., «L'amphithéâtre de Toulouse-Purpan, de son abandon à nos jours», dans Gladiateurs et amphithéâtres, Imago-Lattes, 1990, pp.93-102.
  • Labrousse M., «Informations archéologiques», dans Gallia, n°20, 1962, p.430.
  • Labrousse M., Toulouse antique, Paris, 1968, pp.446-455.
  • Sévin, Th. de, «L'amphithéâtre de Toulouse», dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, 11, 1880, pp.343-351.

Informations pratiques

Accès:
après l'entrée du CHR Purpan, prendre l'avenue des Arènes romaines,
1er rond-pont à droite, avenue du Professeur G.-Espagno,
1er carrefour à gauche, avenue de Casselardit, rue de Purpan.

Transports :
ligne 70 de la Semvat, arrêt rue de Purpan, ou
ligne 66, départ de la place Roguet, arrêt Cauterets.

Pour tous renseignements :
Musée Saint-Raymond
Tél. : 05 61 22 21 85.



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