Le Stade de Domitien

1. Des stades grecs au stade de Domitien

Édification du stade

Le stade de Domitien est le seul exemple de stade monumental que l'on connaisse en dehors de la Grèce et du monde oriental ; parce que, d'une part, les Romains appréciaient moins l'athlétisme que les grecs, d'autre part parce que les compétitions pouvaient se dérouler dans les cirques, ou dans des stades démontables. Mais les empereurs ne négligèrent pas pour autant ces compétitions : il était même d'usage, pour gagner les bonnes grâces du peuple, de créer de nouveaux jeux athlétiques, tel le Certamen Capitolino Iovi de Domitien (compétition musicale, équestre, athlétique, disputée tous les quatre ans). Pour ces jeux, Domitien fit dresser un odéon et un stade (fin du Ier siècle).

Conçu sur le modèle des stades grecs, il était toutefois plus grand (255 m) et les techniques architecturales utilisées pour sa construction étaient manifestement romaine. Le stade fut édifié dans la partie occidentale du Champ de Mars à côté des thermes de Néron et des bains d'Agrippa. Il avait la forme d'un cirque avec deux côtés longs et parallèles ; mais, contrairement au cirque, il n'avait ni *spina, ni d'obélisque en son centre et ses dimensions étaient réduites (le Circus Maximus faisait 620 m de long !). L'un des deux côtés était court et demi-circulaire, l'autre légèrement oblique.

Il est resté célèbre par la qualité de ses installations : notamment une façade extérieure ornée d'une double série d'arcades, une coulisse scénographique à plusieurs entrées monumentales, une estrade somptueuse destinée à l'empereur et aux autorités religieuses.

Les concours du stade

Dans le stade se déroulait la partie gymnique des jeux institués par Domitien : certamen gymnicum. Outre les compétitions athlétiques classiques (course du stade, lutte, pentathlon,...), avait lieu une compétition de course entre jeunes filles comme à Sparte. La plupart des athlètes venaient de Grèce. Le prix pour les vainqueurs était une couronne de feuille de chêne et d'olivier, arbres consacrés à Jupiter et à Minerve.

2. Un stade longtemps occupé

Longévité d'un stade

Le stade de Domitien est connu pour sa longévité. En effet sous le règne de Macrin (217 ap. J.-C.), suite à un incendie qui avait dévasté le Colisée, le stade connut divers travaux d'aménagement pour accueillir les jeux de gladiateurs et à l'époque d'Alexandre Sévère (288 ap. J.-C.) il fut entièrement restauré.

Ainsi, vers le milieu du IVe siècle, après l'avènement du christianisme et l'abolition des jeux sanglants de l'amphithéâtre, il était encore intact et il était encore utilisé pour des compétitions d'athlétisme !

La réutilisation du stade

Dans l'Antiquité tardive on érigea une église, consacrée à sainte Agnès, dans une des arcades et, au Moyen Âge, furent placés des entrepôts et des étables dans les promenoirs. L'édifice fut ensuite complètement dévasté par la récupération systématique du marbre.

La restauration du monument

Dans de nombreuses maisons privées donnant sur la place Navone sont conservés des restes du stade. Depuis le plan d'Urbanisme de 1883, la Mairie de Rome entreprit divers travaux visant à percer des artères dans la ville. En 1936, en relation avec l'ouverture d'une artère parallèle à la place Navone, commencèrent des travaux de démolition et de reconstruction des maisons existantes sur l'hémicycle du stade. Dès que les restes du stade virent la lumière, on procéda à des fouilles complètes et à la restauration des structures retouvées. Ces restes sont actuellement visibles sous le nouveau Palais à 3,50 m en-dessous du niveau de circulation.

Le stade a donc disparu. Mais on peut aujourd'hui se rendre sur le lieu des compétitions de Rome, sur la célèbre place Navone. Les maisons, construites sur les vestiges de la *cavea (tribune) du stade, ont sauvegardé la forme du stade laissant libre toute l'aire de la piste transformée en place monumentale.


Bibliographie


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