Le Théâtre-amphithéâtre de Lillebonne

1. La cité romaine Juliobona

Adossée au plateau du Pays de Caux et en bordure de l'estuaire de la Seine, Lillebonne se trouve à la confluence de deux vallées. L'accesibilité des bancs de calcaire à silex a favorisé une architecture de pierre, tout comme la présence d'un banc de tuf d'eau douce.

À l'époque de la Guerre des Gaules, les Calètes sont un peuple belge, contrôlant un territoire peu étendu, qui au sein de la Gaule romaine, intègrent la province Lyonnaise. En nommant Juliobona dans sa Géographie (II, 8, 5), Ptolémée officialise son rôle de capitale de la civitas* des Calètes.

Au Bas-Empire, les documents administratifs (Notitia Dignitatum et Notitia Galliarum)attestent de la disparition de Juliobona en tant que capitale politique, probablement après les réformes de Dioclétien, au début du IVe siècle. Parallèlement, les Calètes se mêlent aux Véliocasses pour former la Civitas Rotomagensium, capitale Rotomagus (Rouen).

Aucune trace ne révèle la présence de population gauloise dans la ville et Juliobona apparaît comme une création ex-nihilo de l'empire romain.

2. Le théâtre-amphithéâtre, symbole du développement de la cité

L'urbanisme

L'édification du théâtre-amphithéâtre marque une période d'extension multidirectionnelle de la cité. Le développement urbain au cours du IIe siècle semble se dérouler de façon relativement constante. Des niveaux observés lors de la construction de l'école du Clairval, datés du IIe siècle, montreraient une extension de l'habitat vers l'Est : Juliabona connaît en effet une brusque accélération de son développement à la charnière des IIe et IIIe siècles.

Deux édifices de jeux se succèdent

Le théâtre visible aujourd'hui, dit théâtre gallo-romain, aurait succédé à un amphithéâtre, comme le démontre un mur elliptique arasé au pied du podium et légèrement excentré. Il réutilise une partie des pentes de cet amphithéâtre.

En 1986, une tranchée a révélé des indices d'une autre moitié d'hémicycle. Le monument du Ier siècle pourrait donc être un véritable amphithéâtre d'une conception rudimentaire.

Ce théâtre des IIe et IIIe siècle appartient à un groupe d'édifices mixtes, essentiellement gallo-romains combinant à des degrés divers les éléments structurels du théâtre et ceux de l'amphithéâtre. Il comprend une cavea* d'amphithéâtre amputée d'un tiers, une arène réduite d'un cinquième et un bloc scénique complet. Il apparaît comme un des exemples où ce type de combinaison a atteint son plus haut niveau de réussite.

L'arène elliptique mesure 48m sur le grand axe et 32m sur le petit, et pour les murs extérieurs, 108m sur 80m. L'arène est entourée du podium, dont le mur extérieur sert de limite structurelle mais aussi sociale puisqu'il sépare les notables du reste des spectateurs. Il est interrompu à l'extrémité du petit axe par un sacellum* dédié à une divinité des jeux, au-dessus duquel se situait la loge du président des jeux.

La cavea*, équipée vraisemblablement d'un ensemble de gradins sur charpenterie, utilise en partie basse le terrain naturel et en partie haute, une masse de remblai maintenue par des murs formant des caissons.

L'estimation de la capacité d'accueil du théâtre-amphithéâtre oscille entre 5 000 et 7 000 spectateurs, et cette foule devait pouvoir s'installer et vider les lieux relativement rapidement.

Pour cela, un couloir périphérique de 5m de large dessert les accès aux gradins.

Les maçonneries dégagées de chaque côté de l'arène et en bordure de la rue Victor-Hugo, font partie de la cavea*, comme le prouvent la continuité du podium et les escaliers d'accès dont les marches ont disparu mais dont les cages subsistent.

Le bloc scénique n'est pas encore bien défini, mais les observations faites en 1937 par les galeries souterraines et en 1986 par sondages laissent supposer l'existence de vestibules au pied de ces escaliers et de vastes salles rectangulaires pouvant être les parascaenia et un postcaenium.

Les fondations des murs du bloc scénique étaient renforcées par une série de piles semi-circulaires portant des colonnades.

Les nombreux blocs taillés retrouvés dans le théâtre ou à proximité prouvent l'usage du grand appareil pour certaines parties du monument et la qualité du décor.




Les fouilles

L'hémicycle adossé à la colline du Toupin, au sud de la ville a été identifié dès le XVIIIe siècle comme monument de spectacle par le comte de Caylus.

Menacé par une exploitation en carrière de remblai au début du XIXe siècle, il fut sauvé par l'abbé Rever, qui réussit à convaincre le département de la Seine-Inférieure d'en faire l'acquisition. Les travaux de dégagement, commencés sous sa direction, se poursuivirent notamment sous celle de l'architecte des Monuments historiques P. Franchette.

Dans les années 80, des sondages ont montré que sous la chaussée actuelle se trouvent des ruines du bloc scénique, restant à étudier.




Bibliographie


Informations pratiques

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