Le sanctuaire de Delphes

Le sanctuaire panhellénique de Delphes, en Phocide, a eu un prodigieux rayonnement dans le monde antique, comme en témoignent les monuments qu'y accumulèrent les habitants du monde grec. Il dut ce prestige au site grandiose qui l'abritait, à la présence de l'oracle et aux compétitions sportives qui s'y déroulèrent.

1. Le sanctuaire religieux

Un site grandiose

Encore aujourd'hui les Phédriades, gigantesques roches verticales sur les pentes sud du Parnasse, provoquent l'admiration et la crainte du visiteur. C'est sur ce site à la physionomie si impressionnante qu'a été fondé le plus grand centre religieux de la Grèce antique : les différents bâtiments s'étageaient le long de ces roches, formant une sorte de circuit que le voyageur empruntait pour se rendre jusqu'au sein des seins du sanctuaire : le temple de Delphes où se trouvait l'oracle. Tout en haut se trouvaient le théâtre et le stade, lieux de compétitions sportives et lyriques.

Mythe et histoire

Selon les légendes, Delphes était le centre du monde : un jour Zeus aurait lâché deux aigles, l'un du Levant, l'autre du Couchant, qui, au point où ils se rencontrèrent, aurait laissé tomber la Pierre sacrée, marquant ainsi le centre, le «nombril du monde» (Omphalos). Á cet endroit prospéra un des oracles les plus importants et les plus renommés de l'Antiquité : l'oracle de Delphes.

Cet oracle était très ancien. La tradition en attribuait l'origine à l'existence d'une crevasse de laquelle émanaient des vapeurs naturelles qui étourdissaient et permettaient de prédire l'avenir. D'abord dédié à Gé, la déesse-mère, le sanctuaire fut ensuite consacré à Apollon. Le demi-dieu était honoré comme dieu de la lumière, de la musique, de l'harmonie et de l'ordre. C'est aussi le dieu qui possédait le pouvoir de divination et qui, à travers ses oracles, révélait aux hommes «la volonté juste de Zeus». Des confins du monde connu, on venait consulter l'oracle du Dieu. Les pélerins devaient suivre un rituel : ils achetaient des offrandes, faisaient un sacrifice, payaient la taxe fixée et attendaient la réponse du dieu qui sortait de la bouche de la Pythie, la devineresse et prêtresse dont les balbutiements incompréhensibles étaient interprétés par les prêtres.

L'importance de la figure d'Apollon explique l'existence de Jeux principalement musicaux et artistiques à Delphes.

Les Pythia : les Jeux sacrés de Delphes

Les centres panhelléniques comme Delphes resserraient les liens des Grecs qui, divisés en petites cités-états, avaient besoin de renforcer leur unité. Ils prenaient conscience de cette unité quand, tous les quatre ans, ils se retrouvaient à Delphes pour les Pythia, Jeux panhelléniques qui, en importance, venaient juste après les Jeux olympiques.

Au début, ils avaient lieu tous les huit ans et ne comportaient que des concours musicaux. Mais à partir de 582 avant J.-C., après la première guerre sacrée, ils furent organisés de façon plus systématique, et tous les quatre ans. Aux concours musicaux s'ajoutèrent des concours gymniques et des concours hippiques : Les Jeux duraient huit jours. Les vainqueurs recevaient en prix une couronne de laurier, l'arbre sacré d'Apollon, et ils avaient droit d'élever leur propre statue dans le sanctuaire.

2. Les lieux des Jeux sacrés : le théâtre, le stade et le gymnase

Les lieux où se déroulaient les Pythia se trouvent au sommet de la pente, comme au terme du périple du pélerin.

Le théâtre

Le théâtre est construit en pierre du Parnasse et date, comme la plupart des théâtres grecs, du IIIe siècle avant J.-C. Il fut restauré à plusieurs reprises et acquit sa forme actuelle à l'époque romaine. Il se compose de trois parties : la scène, l'*orchestra et la *cavea. Il reste peu d'éléments de la scène. L'*orchestra, de 18,5 m de diamètre, est dallée et entourée d'un canal de pierre destiné à évacuer les eaux de pluie. La cavea comprend 25 rangées de gradins pouvant accueillir 5 000 spectateurs. Dans le sanctuaire d'Apollon, les concours musicaux occupaient la première place.

Le stade

Un peu plus à l'ouest, se trouve le stade, très bien conservé, où se tenaient les concours gymniques de la grande fête panhellénique et les Jeux pythiques. Le premier stade a été aménagé à cet emplacement au Ve siècle avant J.-C. et avait une forme beaucoup plus simple et des gradins de fortune. Dans sa forme actuelle, il date du IIe siècle après J.-C. : il fut alors construit tout entier en calcaire du Parnasse, grâce à Hérode Atticus, le riche sophiste athénien. Il avait une entrée monumentale à l'est avec trois arcs dont il ne reste aujourd'hui que la partie inférieure. La piste mesure 177, 50 m sur 25, 50 m. Les gradins sont répartis sur 12 rangées dans l'hémicycle et au sud. Il devait pouvoir accueillir environ 7000 personnes.

Le gymnase

Au sud du site, en quittant le téménos (temple rond) d'Athéna Pronaia et en suivant le sentier qui traverse les oliviers, on arrive au gymnase. Dans la Grèce antique, les gymnases servaient à l'éducation physique des jeunes gens, mais aussi à leur formation spirituelle, conformément à l'idéal antique. Plus précisément, c'est au gymnase de Delphes que se préparaient les athlètes qui devaient prendre part aux Pythia. Des inscriptions nous apprennent également qu'à certaines époques, des philosophes, des poètes, des astronomes, etc., venaient y enseigner. Le premier gymnase date de l'époque archaïque, mais il a pris sa forme actuelle au IVe siècle. Il fut restauré par la suite et resta en usage à l'époque romaine. Le gymnase s'étendait sur deux niveaux. Il comprenait une palestre, une piscine destinée aux athlètes.

3. Les fouilles et la rénovation du site

Les fouilles

Commencées en 1892 par l'École française d'archéologie et sous la direction de Th. Homolle, les fouilles furent achevées en 1935. Ont été ainsi mis au jour deux sanctuaires, celui d'Apollon et celui d'Athéna, ainsi que la fontaine Castalie, le gymnase, et le stade. 4000 inscriptions permettent de restituer l'histoire du sactuaire d'Apollon, des origines (VIIIe siècle avant J.-C.) jusqu'à son abandon (VIe siècle après J.-C.).

Le musée

Le musée, dont les bâtiments datent de 1902, renferme exclusivement le fruit des fouilles du site sacré de Delphes. Les plus significatifs sont les ex-votos de la période archaïque (VIIe -- VIe siècles avant J.-C.) en métal précieux, la fameuse statue en bronze de l'aurige de Delphes, l'Omphalos de la terre, le sphinx des Naxiens, les statues d'Adias et d'Antinoüs, le groupe de Thyades, les métopes des trésors de Sicyone et des Athéniens.

La maison de Sikelianos

La maison de Sikelianos, à proximité du site archéologique, transformée en musée des Cérémonies delphiques, abrite des archives, des photographies, et surtout des costumes de théâtre provenant de représentations de pièces antiques.



Bibliographie

Konsola Dora, Delphes, le site archéologique et le musée, Olympic Color, Athènes, 1985.

Contacts

Musée de Delphes
Tél. : 0265 82312h
Centre culturel européen de Delphes
Tél. : 01 7233943
Syndicat d'initiative de Delphes
Tél. : 0265 820900

Liens avec d'autres sites :

  • http://www.oceanes.fr/~grun/grece.htm#tholos :
    quelques photos de bonne qualité
  • http://www.u-bourgogne.fr/STIMULUS/CHRONIKA.htm :
    site de la commémoration des cent ans des fouilles du site

Crédits photos :

  1. Plan topographique du sanctuaire d'Apollon.
  2. Omphalos en marbre décoré avec un filet en relief. Copie hellénistique ou romaine de l'omphalos original du temple d'Apollon (Musée de Delphes). I. Dekopoulos.
  3. Restauration du temple d'Apollon par Albert Tournaire. ENBA.
  4. Vue panoramique du site. I. Dekopoulos.
  5. Vue du stade. I. Dekopoulos.
  6. Maquette du gymnase restauré. Collection de l'École française d'Athènes.
  7. Photos des «grandes fouilles». Archives de l'École française d'Athènes.
  8. Section de la frise du trésor des Syphniens (Musée de Delphes). I. Dekopoulos.
  9. La statue en bronze de l'aurige, ex-voto de Polyzalos, tyran de Géla en Sicile, après sa victoire aux courses de char des Jeux pythiens. 470 avant J.-C. (Musée de Delphes). I. Dekopoulos.

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