Les jeux ludiques : la neige et l'eau

Au Moyen Âge et à la Renaissance, les éléments font peur et on mourait facilement d'un coup de froid, faûte de vêtements de rechange et de chauffage. Toutefois, l'iconographie nous a transmis la trace d'une pratique des jeux de neige et des jeux d'eau.

encart 3 : les jeux ludiques

Les jeux de neige

Jusqu'au XIVe, on représente rarement la pratique de sports d'hiver. Il faut attendre le XVIe pour que les enfants aux boules de neige deviennent un topos des illustrations des livres d'heures et des calendriers du mois de décembre. Mais des traces archéologiques nous ont montré la trace d'une pratique des jeux d'hiver bien antérieure à cette date : en Angleterre, au Danemark, en France, on patinait sur des patins en os (par exemple en tibia de cheval), à la semelle aplanie et non ferrée. On a trouvé ainsi des patins à Saint-Denis de l'époque carolingienne !

La luge était également figurée très tôt. La première luge, figurée sur une miniature du XIVe, était en os : il s'agissait d'une mâchoire de cheval que sa taille réservait aux plus petits enfants. Des objets de la vie quotidienne, tabourets ou tables renversés, couffins d'osier étaient aussi utilisés, comme le montrent les tableaux de Brueghel l'Ancien et des miniatures flamandes. Au début du XVIe apparaît la luge de bois. On faisait aussi des sortes de joutes ludiques sur des luges : chaque équipe tirait en sens opposé tandis que les deux partenaires principaux assis chacun sur sa luge, s'accrochaient par la main. Le jeu se terminait par une bonne chute et, sans aucun doute, une franche rigolade.

Connu dans les pays nordiques, dès le temps des vikings, les traîneaux deviennent en Europe un élément de luxe, un plaisir de l'hiver réservé aux riches : en 1600, le traîneau allemand est un véritable divan de salon monté sur patins.

Les skis quant à eux n'apparaissent qu'aux XVIe dans les miniatures : simples moyens de locomotion et non accessoires sportifs, il ne s'agit que de longs patins de bois creusés, où le pied est inséré comme dans un sabot.
Mais au-delà du ludique, la symbolique néfaste de la neige et de la glace demeure, symbole de la fragilité de la vie, peut-être de la mort. Mais cela n'empêchait pas l'homme médiéval et de la Renaissance de patiner ; on avait alors recours à l'invocation des saints, comme pour toutes les occasions de la vie. Il existait une sainte patronne des patineurs d'origine hollandaise : sainte Lydwine de Schiedam.

Cf. Danièle Alexandre-Bidon, «Les jeux et sports d'hiver au Moyen Âge et à la Renaissance» et de leurs conséquences à la fin du XIVe siècle», dans Jeux, sports et divertissements au Moyen âge et à l'âge classique, Chambéry, éditions du CTHS, 1993, pp. 142-156.

Les jeux d'eau

La natation était plutôt considérée comme une détente que comme un sport : après une dure journée de labeur les paysans se rendaient à la rivière pour se rafraîchir. Mais les romans de chevalerie nous apprennent que l'apprentissage de la natation faisait aussi partie de la formation du chevalier, en même temps qu'il apprenait le maniement des armes, l'équitation et le tir à l'arc.
Dans les calendriers, les joutes nautiques étaient un des motifs couramment représentés pour figurer les mois du printemps et de l'été sur les calendriers.
Comment se baingnait-on ?
Il n'existait pas à proprement dit de «costume de bain». Dans la plupart des cas hommes et femmes se baignent nus, mais on observe parfois des hommes qui ont conservé leurs braies, dont cetains modèles sont légèrement fendus sur les côtés. Les femmes s'abritaient des regards par un linge quand elles n'étaient pas masquées par l'eau. Les femmes mettaient souvent des petits bonnets de toile ou se faisaient un turban avec un linge. Il est intéressant de constater la présence de ces mêmes bonnets sur des hommes, lors de bains pris en chambre.
On se baignait le plus souvent en groupe. Les enluminures présentent de joyeuses troupes de jeunes gens qui nagent et s'ébattent ensemble.
Ces jeux ressemblent beaucoup à nos loisirs d'aujourd'hui. Toutefois au Moyen Âge, la mer faisait peur et l'on se baignait dans les eaux douces des rivières et des fleuves.
Cf. Catherine Gouédo-Thomas, «Natations et joutes nautiques à travers l'iconographie des manuscrits à peintures (XIIIe-XVIe)» et de leurs conséquences à la fin du XIVe siècle», dans Jeux, sports et divertissements au Moyen âge et à l'âge classique, Chambéry, éditions du CTHS, 1993, pp. 157-165.



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